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Journal de Bord des Frères de la Côte de la Flotte de Gascogne
9 novembre 2011

Special Canaries (2)

Un bouillonnement véritable, à certains endroits, comme ici avec une photo prise par un des habitants de l'île, Jose Bordon Tejera, un résident d'El Pina : très, très impressionnant, la marmite du diable en train de bouillir... Pour la voir au fond de l'eau, deux navires océanographiques espagnols ont été dépêchés sur place : le "Professor Ignacio Lazano", arrivé le 18 octobre et le "Ramon Margalef", munis de robots sous-marins, pour ramener les premières images de ce qui se trame au fond. Selon un spécialiste sur les lieux encore au 6 novembre dernier, le pire est en effet à venir, car le volcan sous-marin est passé, visiblement, à une autre phase. "Raymond Matabosch rapporte de son emplacement à El Hierro que selon lui,, la phase type "Surtseyan Eruption" a commencé. D'incessantes quantités de cendres et d'eau sont éjectés hors de la mer tous les 30 à 40 minutes". Selon son blog, ce qui se passe aujourd'hui ressemble aussi à ce qui s'était passé en 1957. "C'est un chasseur de baleine qui observe, le 23 Septembre, la première manifestation de l'activité volcanique : apparition d'une zone de remous, - « l'eau commence à mijoter » -, à la surface de l'océan, à environ 800 mètres du rivage en direction de l'Ouest. Ce jacuzzi est du à la remontée de bulles libérant des gaz. Le 26 Septembre, l'activité s'accroit avec une première explosion et des émissions de cendres volcaniques noir de jais s'élevant à 1.000 mètres d'altitude, - altitude maximale de 1400 mètres-, et le 27 Septembre la colonne volcanique dépasse quatre kilomètres d'altitude".

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Une explosion qui n'avait pas été sans conséquences  : "les différents produits pyroclastiques éjectés par les fortes explosions s'accumulent et forment, dès le 10 Octobre, une petite île en forme de fer à cheval ouverte sur son sud-ouest, « l'Ilha Nova », - ou « Ilha dos Capelinhos », ou « Ilha do Espírito Santo » -, atteignant rapidement 600 mètres de diamètre et 30 mètres d'altitude. L'éruption, violente, génère une pluie constante de cendres et de bombes volcaniques, sur l'île de Faial, qui détruit les récoltes, les maisons et les infrastructures îliennes et force à l'évacuation des habitants vivant à proximité de la nouvelle bouche éruptive. Cette première petite île s'écroule, dans le cratère, le 29 Octobre" (...) "Après une légère accalmie, le 4 Novembre, l'éruption se réactive et forme, rapidement, une nouvelle île et, le 12 Novembre, un isthme la rattachant à l'île de Faial" poursuit Matabosch. "L'activité éruptive, lors, augmente progressivement et atteint son paroxysme au cours de la première moitié du mois de Décembre, le nouveau cône volcanique, approchant les 800 mètres de diamètre et les 99 mètres d'altitude. Le 16 Décembre, consécutivement à une nuit de pluie torrentielle et d'une abondante chute de cendres, l'activité explosive cesse. Des coulées de lave basaltique apparaissent. Concomitamment, ponctué par des explosions avec jets de cendres, blocs de pierre et bombes volcaniques, le sol vibre continuellement sous l'effet du trémor harmonique".Tout se terminera... l'année suivante seulement : "L'éruption strombolienne se poursuit, jusqu'au 24 Octobre 1958, essentiellement, avec l'émission de coulées de lave "pahoehoe" et "aa" qui construisent peu à peu le cône volcanique toujours visible. Depuis lors, le dégazage, le refroidissement et l'érosion ont pour effet de faire perdre la moitié de sa superficie à l'édifice volcanique de 2,4 kilomètres carrés de superficie, un agrandissement de l'île consécutif au déversement de 24 millions de mètres cubes de basalte."

 

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Pourquoi donc autant s'inquiéter, me direz-vous, à voir cette marmite marine en ébullition ? Pour une raison d'ordre géologique : des traces d'explosions de volcan sont visibles dans l'archipel, comme celles de Tenerife, datés d'environ 730 000 ans, et découvertes il y a peu par Dave Petley et le professeur Wilson, du département de géographie de l'Université de Durham au Royaume-Uni. Des traces d'effondrement visibles sur la partie sud-est du volcan de Las Cañadas. Qui ont permis d'écrire le scénario de ce qui s'y est produit. Une forte éruption, tout d'abord, appellée "Helecho" (littéralement "en fougère", faite de manière explosive (on parle de panache cypressoïde), qui a envoyé partout des cendres pyroclastiques.

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Puis une sorte de coupole de lave s'est formée au dessus du volcan, et qui s'est ensuite effondrée, en fabricant un éboulement gigantesque, réparti aujourd'hui jusqu'à 17 km du rivage (visible sous l'eau comme le montre cette représentation ici à droite), suivi d'autres éruptions en chaîne notamment de pierre ponce : l'événement a été d'ordre catastrophique, volatilisant une bonne partie des flancs de l'île. Et c'est ce scénario auquel on songe à nouveau, semble-t-il, hélas. El Hierro a elle aussi sa côte ouest d'effondrée, visiblement, et en mer on aperçoit le glacis de ses débris.

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Et là en effet, on change de catégorie de catastrophe : un tel effondrement, s'il était amené à se reproduire, par la masse de matériaux qu'il ferait plonger tout à coup dans l'océan, provoquerait une troisième catastrophe (après le tremblement de terre et le volcan) : un tsunami, bien sûr... dirigé vers l'ouest. Des simulations effectuées donnant comme point d'impact principal, à l'autre bout de l'océan... La Floride (les Bahamas n'y résistant pas longtemps, pas plus qu'Haïti et Cuba, certainement, la côte nord du Brésil et la Guyane étant également touchés !)... on le voit, ce que l'on craint aujourd'hui c'est une catastrophe d'une ampleur sans précédent, tant l'activité sismique devient inquiétante.

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Quand une telle marmite se met à bouillir à ce point, il vaut mieux évacuer la maison. C'est la sage précaution que viennent de prendre les autorités, en évacuant les premières personnes de l'île d'El Hierro : 600 exactement, les plus proches de la côte où se produisent les tremblements et les rejets de gaz en mer. Il en reste encore 9900 à évacuer, sur la seule île d'El Hierro si la situation se met à empirer, ce que beaucoup redoutent, à voir la montée en puissance du phénomène depuis la rentrée. Va-t-on assister dans les jours qui suivent au plus grand déplacement de population de ces dernières années pour éviter une catastrophe ? Elle ne pourra se faire en priorité par mer, ce qui risque d'être délicat à réaliser. L'île possède bien un aéroport, situé à 3 kilomètres au nord-est de Valverde del Hierro. Mais sa taille et son positionnement (en bord de mer) imposera un nombre considérable de rotations à des appareils de capacité moyenne...la seule compagnie effectuant les vols 5 fois par jour étant Binter Canarias, avec ses ATR- 72-200 et 500 (ici à Lanzarote). La mer restera donc privilégiée si ce devait être le cas. Les semaines à venir, qui risquent d'être cruciales, nous le dirons...

 

PS : de l'autre côté de l'Atlantique, presqu'au beau milieu du pays, ça bouge aussi : (5,6 de magnitude ce dimanche !) mais à cette heure personne n'a d'explication au phénomène. Ce serait un jeu de failles, celle de la New Madrid.

(*) voici résumé en deux minutes la "fabrication" des continents. Au musée minier de Leuwarde, dans le nord, il y a une superbe animation de ce genre : très pédagogique !

quelques coordonnées pour aller vérifier 

- La Restinga : N : 27 38' 22' O : 17 58' 57"

- l'aéroport d'El Hierro N : 27 48' 50" O : 17 53" 07"

 

Source: agoravox

- le volcan de Las Canadas N : 28 13' 59" O : 16 35' 00

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  • La « Hermandad de la Costa » , Confrérie internationale des « Frères de la Côte »a été créée au Chili en 1951. Son but principal est de perpétuer l’esprit et les traditions de la marine à voile.
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